Patrimoine

Histoire brève de la forêt de Marignac

Depuis l’époque médiévale, l’espace sur le plateau du Vercors, planté d’arbres majestueux, attirait déjà la convoitise des deux principaux pouvoirs : l’Eglise et les seigneurs se disputaient la forêt avec âpreté pour ses revenus, le bois mais aussi la chasse qui offrait du gibier à cette aristocratie, essentiellement les sangliers, les cerfs, etc. La forêt dispensait le bois de chauffage et de charpente aux serfs et aux paysans.
Les réclamations ne cessaient d’encombrer les tribunaux pour revendiquer les privilèges sur les forêts de ce vaste plateau. Evêques et seigneurs n’eurent de cesse de réclamer, de chercher des preuves, des documents d’héritages, de concessions d’enquis et autres titres pour affirmer leur propriété. Soit les évêques, soit les princes devinrent propriétaires à tour de rôles.

« En l’an 1725, à une commission de réformation des bois du Dauphiné, le procureur royal, assisté d’experts arpenteurs, les fermiers de la communauté de Vassieux, le châtelain, comparaissent avec les officiers de la communauté de Marignac ainsi que ceux de Chamaloc, appelés à répondre aux articles interrogatoires, et comme eux intéressés à la réformation, ayants les mêmes droits qu’eux dans les bois de ladite communauté et prêts à répondre à tous les articles jugés à propos de faire ».

Pareilles comparutions, même exceptionnelles, indiquent la volonté d’écrire dans le droit les limites des différents acteurs, en fournissant les titres constitutifs des parties intéressées par les bois et les revenus qu’ils engendrent. Notaires, Consul de Die, Consul de la communauté de Marignac, commissaires généraux viennent en ces assemblées lever la main, enregistrer les contestations, et les serments à la manière accoutumée de dire la vérité. Ces assemblées juridiques définissent un état civil : tant de foyers comptés, tant de parcelles de bois, sans oublier le curé, et le vicaire. Pour chaque communauté chaque parcelle définit son besoin de bûcheronnage, ses besoins de pâtures pour les bœufs, ainsi que les hauts arbres pour les mats de marine. Pourtant l ‘équité n’est pas de mise, il y aura encore réclamations.

Fin 18ème, après la période révolutionnaire, le tribunal administratif de Grenoble met les affaires au clair. Le président du Tribunal tape du poing sur la table : la grande forêt sera coupée en trois parts entre les communes de Die, Vassieux-en-Vercors et Marignac. Depuis lors, les revenus forestiers ont assuré une aide importante, apportant une contribution budgétaire non négligeable qui a permis à ces communes de mettre en place des services aux habitants ou la possibilité de construire des bâtiments communaux.